L'Islam entre l'Est et l'Ouest
- 277
- Mars 2003
Nombreux sont, depuis un siècle, en Europe, et en particulier en France, les chercheurs qui se sont intéressés au monde musulman. Pourtant, le message du Coran, la pensée islamique classique et contemporaine demeurent étrangement méconnus dans l'opinion publique occidentale... Il est donc nécessaire qu'au-delà des malentendus et des préjugés, sources parfois de graves conflits, une meilleure connaissance mutuelle s'établisse et s'approfondisse entre les peuples des diverses civilisations et les croyants des diverses religions, autour de la Méditerranée et au-delà. A cet égard, la traduction en français de ce livre d'Alija Izetbegovic est un événement important...
Nombreux sont, depuis un siècle, en Europe, et en particulier en France, les chercheurs qui se sont intéressés au monde musulman. Pourtant, le message du Coran, la pensée islamique classique et contemporaine demeurent étrangement méconnus dans l'opinion publique occidentale. Celle-ci est tellement conditionnée par les contentieux historiques et par les raccourcis médiatiques de notre temps, qu'elle a peur de l'Islam, considéré encore, par beaucoup d'Européens, comme un " péril pour l'Occident ". Il est donc nécessaire qu'au-delà des malentendus et des préjugés, sources parfois de graves conflits, une meilleure connaissance mutuelle s'établisse et s'approfondisse entre les peuples des diverses civilisations et les croyants des diverses religions, autour de la Méditerranée et au-delà. A cet égard, la traduction en français de ce livre d'Alija Izetbegovic est un événement important. Il l'est, tout d'abord, à cause de la personnalité de l'auteur, dont on sait le rôle déterminant qu'il joua tout au long des tragiques événements que connurent les Balkans ces dernières années. En mai 1990, il devient le premier Président de Bosnie-Herzégovine. Mais Alija Izetbegovic n'est pas seulement un homme politique, il est aussi un penseur dont les analyses philosophiques et religieuses s'inscrivent dans la perspective du renouveau actuel, si méconnu chez nous, de la culture islamique, de Rabat au Caire et de Paris à Téhéran. Peut-être faut-il souligner aussi que cet effort est d'autant plus intéressant pour nous, Européens, qu'il nous arrive d'une région où l'islam côtoie, depuis longtemps déjà, le catholicisme et l'orthodoxie, comme c'est le cas désormais en de nombreux pays occidentaux. En lisant, dans cette perspective, le livre d'Izetbegovic et, en particulier, les pages dans lesquelles il évoque la place de la religion dans les sociétés, ses rapports avec la science, l'art et la morale, la place de l'individu dans la communauté, les relations entre le christianisme et l'islam, comment ne pas penser aux appels lancés, à maintes reprises, par Jean-Paul II en faveur d'une coopération confiante entre tous les croyants, pour promouvoir des valeurs éthiques communes Puisse ce livre répondre à l'appel du Pape à Casablanca, en 1985 : Le dialogue entre chrétiens et musulmans est aujourd'hui plus nécessaire que jamais.
Fiche technique
- Référence
- 9782868398482
- Date de parution
- Mars 2003
- Hauteur (mm)
- 245;170
- Epaisseur (mm)
- 15
- Poids (g)
- 500
- Format
- Broché
- Langue
- Français
- Traduction
- Sergent, Michel
- Préface
- Père Michel Lelong
- Pages
- 277
- Izetbegovic, Alija
-
Né en 1343 de l’hégire (1925) et décédé en 1424h (2003), il est encore aujourd’hui le Bosniaque le plus célèbre de son histoire. Activiste, penseur puis homme d’État, il fut notamment le 1er président de la Bosnie-Herzégovine, ceci de 1410H (1990) à 1417H (1996).
Issu d’une longue lignée de beys ayant vécu sous l’Empire ottoman, Alija Izetbegovic n’est qu’étudiant quand la Seconde Guerre mondiale éclate et touche les Balkans. Intégrant les Mladi musulmani (Jeunes Musulmans), organisation proche du régime, il se fait un temps le soutien de ceux des siens intégrant les rangs de l’Allemagne d’Adolf Hitler contre les partisans yougoslaves communistes. C’est l’époque de ces bataillons de musulmans intégrant les troupes de la Wehrmacht. L’affaire lui vaudra ensuite une courte incarcération de par les royalistes serbes avant de se voir gracié par ces derniers pour le rôle qu’avait eu son grand-père dans la libération d’otages serbes lors de la précédente guerre.
Diplômé en droit, il est suite à son opposition au régime du célèbre Tito déjà condamné en 1946 pour “extrémisme islamique”. Il avait tenté de former un parti politique susceptible de succéder à l’organisation musulmane yougoslave d’entre deux guerres. Libéré deux années plus tard, il rentre à nouveau en prison en 1951 et trois années durant pour “activités subversives”. Le communisme “titiste” fait alors des ravages. Des mosquées en grand nombre sont fermées, les musulmans sujets à un contrôle effréné. Mais la tendance se relâche la décennie suivante. C’est en cette période plus ouverte au fait musulman qu’il rédige puis fait publier en 1390H (1970) sa Déclaration islamique. Œuvre majeure, tant elle est unique en son genre en Europe, elle lui vaudra encore quelques mois de prison. Se définissant comme une sorte de traité général sur l’islam et ses finalités mondaines et politiques, Alija y narre ouvertement le comment et le pourquoi d’un théorique État islamique. Ode à la Loi musulmane, pamphlet contre-laïc, il est alors – bien que se gardant de chercher à vouloir imposer quoique ce soit à la Bosnie – soupçonné de vouloir imposer une théocratie musulmane en pleine Europe.
Dix ans plus tard et deux ans après la mort de Tito, il publie L’Islam entre l’Est et l’ouest. Gênant encore au plus haut point l’élite communiste, il est à nouveau pour ses vues mené devant les tribunaux avant d’être remis en prison, cette fois pour 14 années. Entre temps, la région s’ouvre peu à peu multipartisme, le communisme s’essouffle. Sortant finalement en 1408H (1988), il fonde deux ans plus tard le Parti de l’action démocratique (Stranka demokratske akcije) souhaité être le parti des Musulmans slaves.
L’ancienne Fédération socialiste de Yougoslavie volant en éclats sous l’affirmation des nationalismes serbes et croates, de premières élections libres sont organisées en 1410H (1990). Son parti déjà majoritaire, il est élu sans difficultés comme président. Le communiste défait, il supprime dès lors les symboles commémorant les victoires des partisans antifascistes, se présentant en chef des musulmans bosniaques. Le moment est fort. La guerre arrivant en 1412H (1992) en son pays – devenu indépendant – et malgré ses efforts pour l’éviter, il devient jusqu’à sa fin le symbole même de la résistance bosniaque face à l’ultra nationalisme de ses voisins, incarné en la personne de Slobodan Milosevic. Défenseur d’une Bosnie multiethnique, il favorise dans un même temps l’affirmation d’une certaine identité musulmane, entretenant qui plus est d’étroites relations avec différents réseaux de mujahideen venant par milliers du monde entier. Contraint de signer les accords de paix de Dayton en 1416H (1995) mettant un terme à la guerre, il termine l’année suivante son mandat, se faisant dès lors plus discret avant de complètement se retirer de la vie politique en 1421H (2000). Rendant la vie, 3 ans plus tard, “l’homme au béret” restera à jamais comme l’un des derniers grands hommes d’État et penseurs musulman d’Europe.