L'autobiographie (Fahrasa) du soufi marocain Ahmad Ibn 'Ajîba

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  • 1982

La vie d'Ibn 'Ajiba est un exemple vivant de ce qu’est le faqir, ce pauvre spirituel qui tend à l’effacement complet de toute prétention et de toute revendication personnelles face à la Présence divine. Elle est une illustration de ce subtil mélange d’érudition et de sainteté, caractéristique de l’homme traditionnel...

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Traditionnellement, une fahrasa est un catalogue dans lequel un savant énumère ses maîtres et les matières ou les ouvrages étudiées sous leur direction. Il peut aussi s’enrichir d’anecdotes ou de réflexions personnelles sur divers sujets auxquels l’auteur fut confronté. Ici Ibn ‘Ajiba ne s’arrête pas à cela puisqu’il donne certains détailles de sa vie ainsi que le contexte historico-politique particulier du Maroc.

Issu d’une famille chérifienne du nord du Maroc, il se consacre de manière précoce à la quête de la science et montre très tôt des signes de piété. Il mémorise le Coran à treize ans, et entame à ses dix-huit ans une période de douze années d’études dans les principales sciences traditionnelles de l’Islam, sous l’égide des maîtres de son époque : Coran, hadith, fiqh (jurisprudence), Tafsir (interprétation du Coran), théologie, mystique, grammaire, poésie, rhétorique et logique. Ibn  ‘Ajiba devient un savant et professeur réputé de la ville de Tétouan, centre spirituel et intellectuel majeur du Maroc.

Il n’oublie pas cependant que la connaissance livresque n’est rien sans action : « la science n’est qu’un moyen de s’approcher du Savant par excellence », et adopte un cheminement propre aux mystiques : « Il était rare, écrit-il, que je passe une nuit sans veiller en prière. Je partageais la durée de la nuit en trois parties égales : un tiers était réservé au sommeil, un autre à la prière nocturne (tahajjud) et le troisième à la lecture. J’étais accoutumé à la solitude et habitais toujours seul afin de pouvoir m’adonner entièrement à l’étude et à l’adoration ».

Son but : passer de la science exotérique (shari‘a)– science livresque et ne constituant que l’écorce de la religion – à la science ésotérique (haqiqa) laquelle est une science ‘‘goûtée’’, réalisée, quintessentielle.

 Dans son Mi‘raj, glossaire de la terminologie soufie, Ibn Ajiba explique ainsi ces deux mots :

« La loi [religieuse] (shari‘a) consiste à Le servir ; la voie [spirituelle] (tariqa) à aller vers Lui ; la vérité (haqiqa) à Le contempler. La loi vise donc à épurer les organes externes, la voie à épurer les consciences tandis que la vérité embellit le tréfonds des coeurs ».

Sa vie est un exemple vivant de ce qu’est le faqir, ce pauvre spirituel qui tend à l’effacement complet de toute prétention et de toute revendication personnelles face à la Présence divine. Elle est une illustration de ce subtil mélange d’érudition et de sainteté, caractéristique de l’homme traditionnel : une mémoire prodigieuse doublée d’une rare capacité de raisonnement qui n’étouffent pourtant en rien la faculté fondamentale de « l’œil du cœur » de percevoir les vérités profondes.

Abordant ainsi tout les aspect principaux de sa vie de cheminant vers Dieu il expose sa généalogie et ses ancêtres, son enfance, son apprentissage des sciences, les maîtres après desquels il reçu ces sciences ainsi que ses licences (ijaza), ses ouvrages ( tafsir du Coran, tafsir de poèmes et hizb, tafsir des hikams….), sa rencontre avec ses maitres de la voie spirituelle Moulay ‘Arbi al Darqawi et Sidi Bouzidi, ses prodiges (karamat) et ses épreuves, son passage de l’enseignement de la voie à la fonction de maître.

Ibn Ajiba n’écrit pas sa biographie pour le simple plaisir de faire parler de lui, mais plutôt de « célébrer les bienfaits de Dieu » comme il le dit lui-même.

Fiche technique

Référence
9788872520215
Date de parution
1982
Hauteur (mm)
204
Largeur (mm)
150
Epaisseur (mm)
12
Poids (g)
240
Format
Broché
Langue
Français
Traduction
Michon, Jean-Louis
Pages
171
Ibn 'Ajîba, Ahmad

Sidi Ahmad Ibn 'Ajîba al-Hasani, est un savant ('âlim) dans le plein sens du terme. Né en 1747 clans une modeste famille paysanne de descendants du Prophète, il fit preuve dès l'enfance d'une exceptionnelle attirance pour la pratique et l'étude de la religion. Il apprit le Coran par coeur et se plongea très tôt dans la lecture d'ouvrages didactiques avant d'accéder, à l'âge de dix huit ans, à l'enseignement universitaire. Douze années d'études des sciences exotériques ('ulûm al-zâhir) dans les médersas de Qasr al-Kabir, de Tétouan et de Fès lui valurent des licences l'autorisant à transmettre la totalité des enseignements reçus. Devenu imam dans la Grande Mosquée de Tétouan, il y enseigna pendant une vingtaine d'années les disciplines traditionnelles. Pour répondre à son désir croissant de trouver le maître qui lui ferait «goûter» la science ésotérique ('ilm al-bâtin), Ibn 'Ajîha alla consulter Mawlay al-'Arabî al-Darqâwî, fondateur de la confrérie des Darqâwâ. Celui-ci l'accueillit avec chaleur dans sa zaouïa des Bani Zerwal et lui recommanda de confier son aspiration à un shaykh éducateur qui résidait près de Tétouan. S'étant entièrement remis à l'expérience et à la sagesse de ce maître, Ibn 'Ajîba réalisa une spectaculaire rupture avec sa vie passée, se dépouillant de ses fonctions et de ses biens, revêtant le froc rapiécé des derviches, allant porter l'eau à travers la ville. Après quelques mois d'une sévère discipline acceptée avec patience, il reçut du Ciel la grande illumination, « l'ouverture » (fàth) qui est la récompense des Amis de Dieu. Dès ce moment, vies inspirations lui furent données qui, transcrites dans un style clair et imagé, forment un ensemble impressionnant de traités et de commentaires, dont une vaste exégèse du Coran où l'érudition de l'auteur et son expérience mystique sont mises salis conflit au service du sens littéral et de l'allusion spirituelle.