Le livre des nuances ou de l'impossibilité de la synonymie

52,00 €
Disponible
  • 570
  • Mars 2006

S’appuyant sur l’hypothèse de l’inexistence de la synonymie en langue arabe, Tirmidhî propose à ses lecteurs un véritable manuel de savoir vivre au sens le plus large du terme. Savoir comprendre les autres et se comprendre soi-même par l’intermédiaire de l’intentionnalité et des motivations qui régissent nos actes, puis viser pour tous le mieux en gardant les yeux fixés sur le modèle des saints...

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Parmi les productions de la mystique musulmane parvenues jusqu’à nous, le Livre des nuances d’al-Hakîm al-Tirmidhî (m. 318/930), tient une place tout à fait particulière. Ceci vient du fait qu’il n’est pas seulement orienté vers le domaine de la vie intérieure, mais s’ouvre au vaste champ des principes de l’éthique appliquée à la vie sociale et politique.

S’appuyant sur l’hypothèse de l’inexistence de la synonymie en langue arabe, qu’il est le premier auteur connu à avoir théorisée de manière précise, le Sage de Termez propose à ses lecteurs un véritable manuel de “savoir vivre” au sens le plus large du terme. Savoir comprendre les autres et se comprendre soi-même par l’intermédiaire de l’intentionnalité et des motivations qui régissent nos actes, souvent ambigus, puis viser pour tous le mieux en gardant les yeux fixés sur le modèle des saints des demeures les plus élevées, tel est l’objectif de cet ouvrage.

Son ambition est rendue accessible en raison du fait que deux actes, identiques en apparence, peuvent être distingués grâce à des noms différents selon que l’un est désintéressé, jaillissant directement du cœur, l’autre, accompli en vue de l’égoïsme qui caractérise l’âme charnelle. S’appuyant sur l’opposition classique du soufisme entre qalb et nafs, Tirmidhî propose au moyen de cette démarche, de transcender la coincidentia oppositorum qui constitue le fond apparemment immuable de l’éthique musulmane, pour s’orienter vers la mise en œuvre d’une réelle transfiguration des faiblesses de “l’humain trop humain”. Finalement, ne se trouvera digne, selon lui, d’exercer un quelconque pouvoir sur ses semblables que l’homme totalement libéré des pulsions de son “moi”. Une telle conception, que l’on ne peut isoler historiquement du substrat culturel bouddhiste encore très vivace dans la région de Termez à son époque, fait de ce mystique un vrai réformateur, dont la pensée, que l’on découvre depuis peu, pourrait apporter beaucoup à nos contemporains.

Ce livre concerne non seulement les domaines d’étude des linguistes arabisants et des islamologues, mais également celui des historiens des idées en général. Parmi eux, il éveillera plus particulièrement l’intérêt des sociologues et des psychologues, mais également des philosophes et des psychanalystes, en raison des réflexions qu’il suscite sur l’influence décisive des structures logiques de la pensée dans son rapport avec le langage, non seulement sur le comportement, mais sur l’essence même de l’être.

Geneviève Gobillot est professeur d’études Arabes et Islamiques à l’Université Jean Moulin de Lyon. Ayant surtout concentré ses recherches sur le champ des transferts noétiques et culturels dans l’espace et dans le temps, elle est l’auteur de nombreuses publications sur la mystique musulmane, mais également sur des questions générales d’islamologie et d’histoire des idées.

Fiche technique

Référence
9782705337698
Date de parution
Mars 2006
Collection
Varia
Hauteur (mm)
240
Largeur (mm)
165
Epaisseur (mm)
35
Poids (g)
980
Format
Broché
Langue
Français
Traduction
Gobillot, Geneviève
Pages
570
Gobillot, Geneviève

Geneviève Gobillot est une islamologue française, professeur de civilisation arabo-musulmane à l'université Lyon III Jean Moulin depuis 1993, spécialiste de la mystique musulmane, du chiisme et du soufisme, en particulier chez Al-Hakim al-Tirmidhi, auteur du Xe siècle. Ses travaux portent également sur la lecture intertextuelle et interculturelle du Coran dans l'optique d'un rapprochement entre les différents monothéismes.